mercredi 23 février 2011

Portraits

Il est là, avec son casse de pouèles synthétiques cheap.
Il n'a pas vraiment changé, encore maigrelet, fait sur un frame de chat, comme y disent.
Ça jamais été un mauvais yab, mais ça jamais été le plus facile à sizer non plus.
Parfois cool, parfois absent, parfois hautain?
Peut-être juste gêné.
Ça fait longtemps tout ça, il ne me reconnaitrait surement même pas anyway.
En tout cas.
Il est là, avec trois filles, dont une que j'aurais bien aimé rencontrer il y a 10 ans, quand j'étais encore sur le marché.
Simone Progrozof.
Elle, c'est comme la papesse de la scène musicale rock underground de Montréal.
Un modèle de classe et d'intelligence qui défie les diktats de la femme-objet pneumatique plastifiée avec sa silhouette filiforme.
Ça me le rend plus sympathique tout d'un coup, Chose.
Je devrais peut-être aller le voir.

Pour lui dire quoi?

« J'aime ben ça tout les portraits de vedettes musicales que tu prends pour les magazines, oh pis les pochettes d'albums itou. »

Je suis probablement juste jaloux, une fois de plus.
Des pochettes d'albums, c'est cool en esti ça.
Mais quand même, c'est pas mal mieux quand tu vois pas la face de l'artiste drette sur le dessus.
On dirait qu'au Québec, les compagnies de disques sont tellement habituées de prendre le public pour des twits qu'elles croient que si le visage de l'artiste n'est pas sur le dessus de l'album, ça ne se vendra pas.
« Gneu, y sauront jamais cé qui qui chante si y a pas sa face sul deussus, sont benke trop twits! ».
Chose, y est bon en portraits, faque, y prends des portraits qui deviennent des pochettes d'albums.

Faudrait ben que j'aille lui parler.

Plus tard.
Pour le moment, le DJ semble sortir de sa phase éléctrocon 2008 et fait jouer un classique.
C'est un bar sale et rock, re-bienvenu sur terre, DJ Ti-Coune.

Je ne peux qu'aller le féliciter et aller lui demander une chanson des Clash, tant qu'à sortir dans un bar, autant en profiter, pour les fois que ça arrive.

Chose et son harem semblent un peu déçus de la tournure musicale que la soirée prend.
Peut-être qu'il m'a vu, il doit se souvenir de moi, c'est comme rien.
Pour toutes les fois où on s'est croisé dans les bars au milieu des années 0.
Oh, il n'y a jamais vraiment eu de grands moments d'ivresses entre nous deux, seulement des échanges courts, concis, insignifiants.
Je ne vois pas ce que je pourrais lui dire de plus intelligent cette fois-ci.
Oserait-il me demander ce que je fais de bon ces temps-ci?
Ce que je fais de bon?
Je marche, je monte des escaliers, je vois des gens, je descends des escaliers, je travaille.
Oui mais, tsé, tu fais quoi de bon?
Ben j'ai une paire de fils, c'est pas mal ce que j'ai de mieux à montrer.
Ok. Ah.
Ben, sinon je joue du gros hockey de ce temps-là. Grosse game la semaine passée.
On pognait une équipe qui avait pas encore perdu après 11 games.
Leur meilleur scoreur a au-dessus de cent points en 11 games.
Ça a fini 6-1 pour nous autres, y a pas fait un point le Gretzky de la Ligue des Amis.
Y est même pas bon.
M'en suis occupé, y a pas fini la game, l'arbitre l'a sorti, y m'a cross checké dans face le Gretzky de la Ligue des Amis.
Y avait l'air tanné de ne pas être capable de me passer, je lui ai fait remarquer.
C'est sensible aux commentaires négatifs ces tites-vedettes là.
On se reverra en finale, eh.

C'est pas mal ça que je fais de bon de ce temps-là.
Ok, Ah.
Tu jouais pas au hockey dans rue toi, tu comprends ça? C'était pas mal ton meilleur projet à Concordia, en passant, héhé.
Euh, merci. Tsé que tu me parles pas vraiment là, c'est tout dans ta tête de saoulons.
Ah, ok.


Pendant que je me parle tout seul, le DJ décide d'agréer à ma demande et passe la moins bonne chanson de l'album.

Merci, je suppose, DJ Ti-Coune.
Tu fais partir Chose et ses trois amies en plus.

Ils passent au vestiaire qui se trouve derrière moi.
Plus le temps de penser, je le salue.
— Salut man.
— Hey, saluuut!
— Ça va?
— Ouaiiis, on part là, les filles sont tannées de la musique.
— Ok, à la prochaine.
— Ouaiiis!

Peut-être qu'il se dit la même chose de moi.
Il n'a jamais su si j'étais hautain, gêné, weird, étrange, cosmonaute.
Mais quand même, la façon qu'il avait de me regarder, là, juste là, je connais ça.
J'ai déjà était suffisant de moi-même, moi aussi.
Big shot, après un show, à un vernissage, je ne sais où.
Je l'ai déjà vécu aussi.
Cette starlette qui voulait pratiquement me frencher un soir, et qui feignait de ne pas me reconnaitre un mois plus tard, quand je l'ai croisé en travaillant, croyant que j'étais un fan de plus qui la saluait.
Ça lui est finalement revenu.
«Oh ouiii, avec Stewart, à la porte Rouuuge.»
Bof.

Me demande s'il lui a pris son portrait, à elle.


8 commentaires:

commando8 a dit…

Grosse veillée, l’big!

s.gordon a dit…

Beau portrâ.

Gomeux a dit…

Ouan grosse soirée, beau portrâ!

Mek a dit…

Ben moi je me réjouis en crisse de te voir polir une esthétique qui est câlissement juste la tienne et je me frotte les mains de voir les textes s'accumuler dans la petite boîte. Faudra penser bientôt à relier tout ça. Yup.

Gomeux a dit…

Oh, amigo, t'es sweet. Marci.
Ouan, faudra relier tout ça, photos pis toutes.

Jean-François Thibaud a dit…

Très hot comme portrait

Danger Ranger a dit…

Ah le revenage sur des vieux souvenirs... Je fris là-dedans, ces temps-ci.

Ce que t'avais de pas-grand-chose à lui raconter, je trouve ça héroïque, moi, cher. Mais, pour la référence, je me suis jamais retrouvé dans un bar seul avec trois filles.

Punk on!

Gomeux a dit…

Ce doit juste être ça qui me chicotait, les trois filles.
Uhuh!