dimanche 25 mai 2008

La coche

Le kid a pogné le burger et l'a laissé tomber par terre en regardant son père.
L'air défiant, un peu, pas certain.
Testant ses limites.
La boulette s'est séparée du pain, l'avocat aussi.
Trois morceaux distincts en dessous de la table, sur le béton de la cour arrière.
Les yeux du père ont noircis, un peu, pas certain.
Conscient de ses limites.

Grave:
-Ramasse ça tu suite.

Joueur:
-Moua, vas me lever pis va l'écraseeeer!

Sombre, surpris:
-Coudonc, ski spasse ek toué viarge?
Leuve toué pis ramasse ça tu suite avant que jme fâche.

Un des voisins sur un des balcons aux étages supérieurs s'est retourné, curieux.

Le kid tourne ses fesses sur sa chaises, se préparant à se lever.
Le pied enligné sur le morceau d'avocat.

Menaçant:
-J'en veux pas de ça dans mon hambegue!

Il abaisse lentement son pied.

Déçu:
-Tu vas toujours ben pas faire ça? T'as le gout de brailler tant que ça??

Tout les voisins de la ruelle sont maintenant attentifs.

Le père se lève au même moment que le petit soulier écrase la chair mure et verte.
Dans un seul geste, l'homme soulève l'enfant ramasse le pain, la boulette, laisse le reste de l'avocat là.
Il tient le petit dans les airs par le bras, ils disparaissent à l'intérieur.
On entend une porte claquer, une fan démarrer.
La salle de bain.

Les cris du père s'entendent distinctement dans la ruelle malgré la porte, les pleurs de l'enfant et le bruit du ventilateur.

Les voisins ramassent leurs vaisselles.
Le ciel s'assombrit.

Les cris diminuent, les pleurs continuent.
Certains réverbères sont déjà allumés.

Un autre porte claque.
Le petit pleure maintenant à la fenêtre de sa chambre en frappant dedans.

Après un certain temps le bruit de la fan cesse.
L'homme sort lentement, une bière à la main,
s'assoit, les sourcils froncés, une main dans les cheveux, accoudé sur sa hanche.
Il reste immobile quelques minutes jusqu'à ce que quelque chose attire son regard.

En dessous de la table.

Trois taches sombres, distinctes, mouvantes, sur le béton de la cour arrière.
Les fourmis se sont appropriées les restes du burger, jusqu'à la simple tache de gras.
Elles sont des centaines, petites, se marchant les unes sur les autres, concentrées sur la digestion des restes de l'éclaboussure.
Il observe longuement le spectacle, absorbé par la discipline des fourmis.
Elle restent toutes à l'intérieur des cercles de gras.

Sans avertissement, son pied se dépose sur l'attroupement le plus près.
Les deux autres groupes de fourmis se disloquent instantanément, comme alertés par les cris des mourantes.
Il écrase aussitôt tout ce qui bouge en renversant la table dans un geste brusque, vif.
Ses pieds martèlent le béton pendant de longue minutes à la poursuite de quelconques survivantes.

Il n'y a plus personne sur les balcons.

Le kid, à la fenêtre, ne pleure plus.





9 commentaires:

Mek a dit…

Aaaah je m'ennuie presque des hamburgers !

Gomeux a dit…

Hmmmmm, hambegue...

Gomeux a dit…

À cause de la vache, pour la boulette?
C'est juste de la littératuuuuure.
La boulette, c'est même pas sûr qu'elle a existé!

Miléna a dit…

ah! ouf! Je me demandais si c'était toi qui pétait ta coche. Ça collait moyen avec ton personnage.

Gomeux a dit…

Ah oui, mon personnage.
Celui qui écrit "ses pieds martèleS"...

J'ai changé un peu le dernier paragraphe, y était tard quand j'ai fini ça hier. C'est moins brouillon maintenant, pour le moment.
Ça change souvent mes textes.

Nah,ceci dit, moi quand je fait ça à mon petit je m'arrange pour que personne me voie.


Uh uh uh. Kof kof.

Miléna a dit…

ah ouin. Et moi, je suis le personnage qui écrit " si c'était toi qui pétaiT..."

On devrait échanger nos dyslexies d'accords de verbe, ça fiterait mieux.

:0)

Gomeux a dit…

Hehe.
Je veux bien prendre la tienne, tu conjugues pas mal mieux que moi quand même!

Chu slow comme une mule aussi, je viens de comprendre pourquoi Rwa criait "assassin!"...
Les fourmis!
Je devrais dormir, jpense.

Miléna a dit…

Moi aussi, j'ai pensé à la boulette!
:0)

Les fourmis, on s'en fout! Sales bête!

Mek a dit…

Les fourmis sont mes amies. D'ailleurs elles orgisent avec moi dans mon sac de couchage, nuit après nuit.