Le Mauvais Siècle m'est tombé dessus comme la noirceur en novembre.
On a passé la soirée chez des amis de travail de Douce, des gens cool, qui travaillent en cinéma.
Lui est accessoiriste, Elle est costumière. Des gens qui travaillent de leur mains, des gosseux, patenteux, qui aiment le beau.
Ils se sont bâti une maison qui leur ressemble à partir d'un atelier d'acier et de béton.
On a parlé toute la soirée de choses belles qui prennent du temps à faire.
Après le souper des livres apparaissent sur la table, des livres de maisons dans les arbres, des petites maisons, des trucs designs et tout. À travers le tas, "Cabin Fever" un livre sur les chalets de toutes sortes, dont plusieurs bâti des années 1890 à 1940.
Des trucs immenses de plusieurs étages en bois rond.
Tout sauf le petit chalet sur le bord du Lac Val-Brillant.
Des bâtisses appartenant aux Vanderbilt, Morgan, Guggenheim et autres grosses poches.
L'amie de douce parlait en même temps de la canne à pêche de son grand-père, qui date des mêmes années, le moulinet est brisé et y a personne pour le réparer.
Tout le monde lui dit de laisser faire, d'en acheter un autre.
C'est là que la noirceur est tombée.
Que j'ai vraiment saisi l'ampleur du désastre.
En même temps qu'elle parlait de son moulinet, elle me fait la conversation sur la construction de ces chalets de luxes:
"je me demande si c'était pas un programme pour faire travailler les gens pendant la dépression?".
En même temps que je tourne les pages, les larmes me viennent au yeux.
Partout dans ces manoirs en bois ronds, des panaches, des ours empaillés, des images d'amérindiens, des représentation du chaos qu'ils ont si bien tenté d'ordonner.
Nous les bâtissons encore pour eux ces manoirs, par milliers.
Et ils nous les revendent, et nous les achetons.
Avec leur argent.
De plus en plus.
Tout le temps.
Je revois mes grands-parents qui récupéraient, réutilisaient, patentaient tout, par nécessité.
"Parce que ça peut encore servir".
Parce que c'est logique.
C'est plus possible maintenant, y a plus de vis sur les appareils, que des rivets.
Ton moulinet bloque, tu l'ouvres et c'est terminé, il ne se refermera plus.
Il s'en va à la poubelle, comme nos grands-parents.
Comme nous, ultimement.
Je revois la trilogie de l'Île-aux-Coudres dans ma tête. C'était tout là, en 1963.
Perrault le savais.
Les règnes changent disait Alexis en voyant ses petits fils faire des niaiseries en Ski-Doo, boire du coke, écouter la TV.
Les bateaux de fer qui envoient les voitures d'eau au cimetière, combien de fois l'avons nous vécu, combien de fois encore, avant que ça cesse.
Qu'on respire.
7 commentaires:
Apocalyptique. À ne pas lire en écoutant Kashmir. Je frissonne comme si j'avais de la fièvre.
(Code : imnmy)
Genre imnmy intime. Yes Master,
C'est peut être à cause des milles fautes qu'il y avait dans le texte.
:0)
Ça m'a toujours buggé, ça. Pour ça entre autres que j'admire Péo et toi !
Je suis totalement ignorant.
Faut que je retourne dans mon manuel d'instructions pour ajuster mon dérailleur de bécik. Pis y a rien d'électronique la dedans on s'entends...
C'est pareil pour l'histoire.
En plus de l'enseigner tout croche, on l'enseigne moins. C'est dur de se choquer dans ce temps là.
Et pis, quand je dis qu'Hollywood nous en dis pas mal sur leur masterplan, je pense aussi au film Robots que j'ai écouté ek Fiston, l'aut jour.
Des robots tout cutes, rouges, bleus, etc.
Des robots pas riches riches qui ont de la misère à s'acheter des pièces de rechanges, mêmes usagées, pour survivre, faque y récupère pis y rafistole.
La compagnie qui fabrique les pièces change de propriétaire, le type est pas fin, décide d'abolir ça, la vente de pièces de rechanges. Y aura plus que des morceaux neuf, pré-assemblés. Ceux qui pourront pas se les payer iront se faire démonter.
Ensuite tu retournes dans la vraie vie, ton toaster lâche, tu vas pour le faire réparer pis tu fais rire de toi. "Ça vas te couter moins cher d'en acheter un neuf le gros!"
Vraiment?
Chu pas sûr.
Ouuh !
C'est pareil pour la bouffe!
On recommence juste (et pas tous!)
à se remettre à cuisiner
Pareil pour la médecine, les médecins sont les seuls à pouvoir faire accoucher une femme?
Bien sûr...
Ça change ça aussi, mais lentement.
Enregistrer un commentaire