lundi 21 juillet 2008

À l'envers

Il y a longtemps, j'étais fougueux, j'allais voir des spectacles musicaux.
Un jour, je me suis acheté un billet pour assister au spectacle de Noir Désir.
Je l'avais en partant de chez moi, dans la poche avant de mon coat carreauté vert et noir.
En arrivant au métro, intuition, je vérifie la poche, plus de billet.
La chance de voir le groupe rock francophone le plus pertinent de l'univers, pfouiiiiit, disparu.
Tombé je ne sais où, quelque part entre les rues Casgrain et Drolet, probablement dans un stand à légume, il aura été balayé puis jeté avec les déchets encore comestibles.
Cassé comme un cave, j'ai pas pu en racheter un autre, ni même une couple de biéres pour oublier.
Ces temps ci, je sais pas pourquoi, la nostalgie me ramène ça en tête.






On n'est pas encore revenu du pays des mystères
Il y a qu'on est entré là sans avoir vu de la lumière
Il y a l'eau, le feu, le computer, Vivendi et la terre
On doit pouvoir s'épanouir à tout envoyer enfin en l'air

On peut toujours saluer les petits rois de pacotille
On peut toujours espérer entrer un jour dans la famille
Sûr que tu pourras devenir un crack boursier à toi tout seul
On pourrait même envisager que tout nous explose à la gueule

Autour des oliviers palpitent les origines
Infiniment se voir rouler dans la farine

A l'envers, à l'endroit, à l'envers, à l'endroit
A l'endroit, à l'envers, à l'envers, à l'endroit

Y a-t-il un incendie prévu ce soir dans l'hémicycle ?
On dirait qu'il est temps pour nous d'envisager un autre cycle
On peut caresser des idéaux sans s'éloigner d'en bas
On peut toujours rêver de s'en aller mais sans bouger de là

Il paraît que la blanche colombe a trois cents tonnes de plomb dans l'aile
Il paraît qu'il faut s'habituer à des printemps sans hirondelle
La belle au bois dormant a rompu les négociations
Unilatéralement le prince entame des protestations

Doit-on se courber encore et toujours pour une ligne droite ?
Prière pour trouver les grands espaces entre les parois d'une boîte
Serait-ce un estuaire ou le bout du chemin au loin qu'on entrevoit ?
Spéciale dédicace à la flaque où on nage, où on se noie

Autour des amandiers fleurissent les mondes en sourdine
No pasaran sous les fourches caudines

A l'envers, à l'endroit, à l'envers, à l'endroit
A l'endroit, à l'envers, à l'envers, à l'endroit.







À se changer en Roi
À hurler à la lune
À traquer la fortune
Tout ça pour traîner son poids

Au risque de s'y plaire
Au moment de s'y croire
Sonnez les courants d'aire
Faites donner l'exutoire
Il faudrait qu'on s'élève
Au fond il a d'la classe
Ou alors qu'on prenne la sève

Comme elle vient
Encore et encore

Tu la vois la belle bleue
Des feux de l'artifice
Et tu la sens même un peu mieux
A la faveur d'une éclipse
On voit du jour au lendemain
Que ça ne s'invente pas
Instantanément comme ça
Reprendre de volée d'aussi loin

Comme elle vient
Encore et encore

Comme elle vient
Comme on peut
C'est cruel et sans fard
Ça choisit pas, merci pour eux
Comme une flèche
Comme un pieux
C'est bon pour la mémoire
Ça vous fait quoi d'être au milieu ?
Hé camarade
Si les jeux sont faits
Au son des mascarades
On pourra toujours se marrer
Et tout le long des courants d'air
On voit des amoureux
Qui savent encore changer leurs nerfs
En un bouquet délicieux
On en aura des saisons
Des torrides et des blêmes
Je peux encore garder ton nom
Je peux aussi dire que je l'aime

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Noir Désir... Pour moi ils sont barrés à vie depuis que leur chanteur Cantat a très sauvagement battu à mort Marie Trintignant. Désormais c'est tolérance absolument zéro envers ce barbare.

Gomeux a dit…

C'était un peu le but d'écrire la mésaventure du billet perdu, sachant que Noir Désir ne reviendrait fort probablement plus ici.
Je n'ai pas parlé du meurtre de Trintignant parce que, avec le temps, j'ai complètement séparé l'acte criminel, et le cirque médiatique l'entourant, de la musique de Noir Désir.

Noir Désir étant un groupe avec une musique et des textes qui ne promeuvent certainement pas la violence faite aux femmes ni à qui que ce soit d'autres sauf peut être aux enculés, qu'ils soient batteurs de femmes ou banquiers. Et là, c'est mon interprétation qui entre en ligne de compte.

Bertrand Cantat est un individu.
Il n'est pas Noir Désir.
Et même si il l'était, ses gestes, son crime, ne sont pas sa musique.

James Brown ( et combien d'autres encore...) a eu sa part d'accusations de violence conjugale et on parle surtout, avec raison, de sa musique et de sa créativité, pas des premières pages pour ses frasques judiciaires.

Cantat n'a peut être pas inventé un style musical mais son œuvre ne mérite pas qu'elle soit mise à l'index pour autant.
Il suffit d'un coup de poing pour tuer quelqu'un.
Brown a simplement été plus chanceux que Cantat.

Anonyme a dit…

On pourrait en discuter très, très longtemps. Tout de même ce qui à mes yeux est frappant c'est la distance entre Noir Désir, spécialement personnifiée par Cantat, en tant que groupe à tendance de gauche, toujours la pour la bonne cause et l'égo gonflé de Cantat qui l'a amené à commettre ce geste absolument impardonnable. Alors désormais j'associe Le geste de Cantat et l'ensemble de l'oeuvre de Noir Désir.

Gomeux a dit…

Cher Dan, je ne m'attends pas à te faire changer d'idée.
Seulement, je trouve que de nos jours, on a tendance à jouer au Dieux vengeurs assez souvent, surtout si l'accusé est d'allégeance humaniste/progressiste/turlututu.
Je n'excuse absolument pas son geste.
Il aurait pu prendre la porte et la laisser hurler toute seule.
Il a décidé de la frapper et c'est inexcusable.
Je n'étais pas là. Je ne sais pas ce qui s'est vraiment passé.
Ils nous ont mitraillé les oreilles avec leur morale de gens qui marchent droit "Un homme de gauche qui défendait la veuve et l'orphelin est maintenant assassin".
On sait une chose, elle est morte, il l'a tué.

J'ai eu cette discussion souvent avec des gens qui ne comprenait pas que je puisse encore écouter Noir Désir.

Ce doit être mon vieux fond catholique et ses rengaines de pardon.

Je lis Céline.
J'écoute James Brown.
J'écoute Noir Désir (Ça leur fait une belle compagnie quand même...).

Tout ça me fait penser à l'essai de Philipe Muray sur Céline, qui débute ainsi:

«Le nom de Céline appartient à la littérature, c'est à dire à
l'histoire de la liberté. Parvenir à l'en expulser afin de le
confondre tout entier avec l'histoire de l'antisémitisme, et ne plus
le rendre inoubliable que par là, c'est le travail particulier de
notre époque, tant il est vrai que celle-ci, désormais, veut ignorer
que l'Histoire était cette somme d'erreurs considérables qui s'appelle
la vie, et se bercer de l'illusion que l'on peut supprimer l'erreur
sans supprimer la vie. Et, en fin de compte, ce n'est pas seulement
Céline qui sera liquidé, mais aussi, de proche en proche, toute la
littérature, et jusqu'au souvenir même de la liberté»


Contrôlons le chaos.


J'ai l'impression que je viens de perdre la moitié de mes 7 lecteurs.
Il m'en reste quand même 3,5 j'imagine.

On s'en rejase, ou surtout d'autres choses j'espère, Daniel.

McDoodle a dit…

Présente.

Gomeux a dit…

Yé!

commando8 a dit…

0.5 c’est moé!