samedi 12 juillet 2008

Moments III

J'entre, la directrice des premières impressions est à son bureau et m'accueille .
-Tu veux vouère qui déjà?
-Simon.
-Ok tan'peu.
Elle prend le combiné. Appuie sur un bouton.
Juste au dessus du bureau, il y a un certificat de l'office québécois de la langue française.
«(...)En reconnaissance aux efforts fournis par Fontaine Bien-être/Fountain Good-Being dans le but de franciser ses opérations»
Elle dicte:
-Simon Tremblay, line one, Simon Tremblay, line one, please.
Elle raccroche.
-Sra pas ben long.
-Merci.


****



-Toi, fils, si t'avais le choix t'aimerais mieux avoir un petit frère ou une petite soeur?
-Un tifrère!
-Comment on l'appellerait?
-Jésus!
-JÉSUS??? Ahah! Asti est bonne! C'est qui Jésus, fils?
-Ben, c'est le tibébé à l'église.
-On l'appellerait Jésus Pâquet?
-Oh non papa, c'est pas beau, on va l'appeler Guillaume Pâquet, comme toi!
-Oh, ça c'est une bonne idée!! Junior!
-Nooooon papa, Guillaume Pâquet, comme toi.
-C'est ça que je dis Guillaume Pâquet Junior.
-Noooon, c'est pas beau. Jésus d'abord.



****



Je sors du char, premier call de la journée.
La tête légèrement dans le cul, couché tard, levé tôt, déshydraté à cause des chips et des deux bières.
Je vieillis considérablement, apparemment.
Je vais rencontrer la version hébreuse de Danny Devito.
Genre de gars qui te dis " chu la dans cinq menutes" pis tu finis par attendre trois quart d'heure.
Je sors du char. Chu pas pressé d'aller attendre dans la salle d'attente de Moishe Devito.
Je ferme la porte, me retourne, la tête baissée, j'entame ma marche.
Un coupé sport allemand conduit par une gédaille reconstruite de 55 ans me fauche presque les tibias en voulant se stationner dans l'espace vacant de char mais que j'occupe de mon corps... Elle freine juste à temps, continue de parler dans son cellulaire et m'ignore complètement.
Je remercie ses quatre freins à disques surdimensionnés et j'hésite entre le fond de pension ou marcher sur le devant de son coupé allemand.
Finalement, j'avale et je contourne son bazou de luxe en espérant que la journée soit pas trop longue.

Je fini finalement ma journée avec mes deux jambes.

Au retour je sacre après mon vieux big foot.
J'ai pété je sais pas trop combien de rayons depuis trois semaines.
Il est pesant, fils, dans son siège de vélo.
Ils sont gros, les trous dedans la sfatte sur St-Zotique.
Ils roulent en fous, les chars sur cette rue là, c'est dur de les éviter et d'éviter les trous en même temps.
Ma roue arrière est tellement croche qu'elle accote sur les freins à chaque deux coups de pédales.
Ça ralenti un peu, pas mal, quand même.
Le vent aussi, qui pogne dans le siège de vélo, ça aide pas.
Je force donc en sacrant pour me rendre chez moi.
Je tourne sur Casgrain, un autobus de touriste s'enligne derrière moi. Je l'entends qui s'approche.
J'accélère comme je peux.
J'y arrive, je le devance, ce lardon au diesel!
Juste devant moi, une deux-portes à hayon allemande de couleur or s'engage dans la rue.
Je suis à sa hauteur.
Je vois du coin de l'oeil que la conductrice parle au cellulaire en se regardant dans le miroir.
Elle s'approche de plus en plus de moi.
Elle veut tourner sur Molière.
Criss jvas toujours ben pas me faire éffouèrer par une lunatique qui veut rouler à l'envers dins sens unique ??
Ça va très vite.
Elle y va complètement et donne un bon coup pour tourner à droite, c'est à dire sur moi.
Je ne sens plus que ma roue me ralenti, ni le vent.
Je freine, mes pneus crissent sur la sfatte, je lève la jambe pour sacrer une shot sur son hood.
Au même moment un passant aperçoit la scène et hurle quelque chose en arabe, probablement Argarde ske tu fais connasse tu vas l'effouèrer!
Dans un sens, ça me rassure, je ne rêve pas tout ça, on me voit, j'existe.
Elle constate la présence de mon pied sur son aile avant droite!
Freine!
Me fait un geste qui semble dire:
Scuse-moué-stie-qchu-conne-aie-aie-aie-vraiment-désolé-stie-
t'es-pas-laitte-en-plus.
Genre.
Je voudrais bien crier crisse de vache! mais on ne m'a pas programmé pour ça.
Je mime plutôt un téléphone avec ma main et un air réprobateur, et juste pour être sûr qu'elle ne pense pas que je veux son numéro, je fait mine de raccrocher.
Tout ça sans avoir arrêté de rouler complètement.
Je cale ma casquette un peu plus et je traverse De Castelneau.
Tabarnac de vache, que jme dis.
C'est bien la preuve que j'ai pas besoin de casque.

7 commentaires:

Mek a dit…

Argrggghhhh !

Doparano a dit…

Oublie le casque et porte des bottes à cap! Sur les chars de couleur or ça fait de plus jolies marques.

Gomeux a dit…

Ouep.

Miléna a dit…

J'ai sorti mon vélo moi aussi aujourd'hui pour la première fois. Il était en révision. Je me rappelais pas que ça fait autant mal aux bobettes la première fois.

Et aller dans le Vieux Port de Québec, c'était genre une moyenne idée. Les piétons comprennent pas le symbole du bonhomme avec un X dessus, ils marchent tous sur la piste cyclable. Demain, je mets mes bottes à cap moitou.

commando8 a dit…

Pas d’casque? T’es malada sti!

Gomeux a dit…

À vélo sans casque, es-tu tombé sur la tête?

Euh, non?

Gomeux a dit…

Ce doit être les ravages du fluor, Miléna...