Soirée

J'ai bien failli ne jamais y être à cette soirée.

Premièrement, l'Absynthe, je pensais que c'était le café sur Ste-Catherine, au dessus du magasin de revues. Ou quelque chose dans le genre, Métro Berri.

Deuxièmement, on m'aurait dit y a cinq ans; tu vas tenir un blog, j'aurais dit, ta gueule, t'as tu cinq piasses?

Mais encore, on m'aurait dit y a cinq ans que je dirais sur mon blog; on m'aurait dit y a cinq ans, que non seulement j'allais tenir un blog, mais que j'allais aller à un lancement de livre où il y aurait moult blogueurs tenant des blogs que je fréquente et qu'eux-mêmes commentent sur mon blog, j'aurais dit, non mais, sérieux, ta gueule, as-tu cinq piasses?

Ouais, c'est pas trop mon genre de me montrer la face, le dernier blind date que j'ai eu était avec une Est-Allemande rencontrée sur l'internet époque préphoto numérique, c'était moyennement cool.

Faque, tsé, les blind date d'internet...

Et pis, en plus, je pissais le sang du nez ce soir-là.

Juste au moment de laver les petits, la fontaine rouge dans l'eau du bain, ça change de la routine, en tout cas.

J'ai quand même fini par réussir à partir, ce qui est au moins 80% de la job à faire, si on veut partir, et nous y voici.

* * *

En route, les tites-lumières qui flash su mon bécyk, on descend en ville.

Ça doit bien faire quatre ans que je ne suis pas allé boire dans le Quartier Latin.

Pas grand changement, c'est plein de monde dans des bars qui ont changé de nom depuis le temps.

La routine.

J'arrive à la hauteur de l'Absynthe, semble y avoir un bouncer à la porte.

Eh ben, à niaise pas ek ça, la Gordon.

Je m'approche, mes yeux s'habituent à la pénombre, ah ben câlisse de tabarnak que le bouncer lâche. Ah ben crisse, que je dis, Mistral!

Grosse poignée de main, me prend par l'épaule, soulève mon maigre 160 livres de terre du haut de ses sept pieds douze et m'amène à l'intérieur pour me présenter à tout le monde.

À l'époque les bouncers faisaient exactement le contraire avec moi.

Je touchais pas ben ben plus à terre et c'était pas mal moins chaleureux.

J'aurais donc du boire plus qu'une bière en descendant en bécyk, j'ai du rattrapage à faire, le party est pogné, ça placote en câlasse.

Mistral me présente à tout le monde, un par un, C'est Guillaume, Gomeux, à Venise et son chum, à Plumitif , Prométhé, Ranger un ami, une autre amie, y a pas l'air d'avoir de monde tant que ça, pourtant, je retiens déjà plus les noms, et hop, qu'on me présente, encore un autre, tiens, là je reconnais Doodle, elle me voit pas je pense, criss, y est connait toute la gang ce bougre.

Ben crisse, la vlà, traverser un continent pour un party lancement de livre, faut le faire en saint-chrème, Mist me lâche, elle arrive, je peux pas m'empêcher : T'es folle? C'est Blue. Grand câlin. C'est une belle folie.

On jase.

J'ai soif, me faudrait une pinte de nouère.

J'y vais, je reviens, bon, là je fitte dans le décor un peu plus.

Salut moi c'est Flash Gordon, cool, on jase, stie, ça file le temps, une autre pinte, Fugazi, les Clash, le punk, Guthrie, mes photos sont punks, et ben, voilà un compliment qui fait du bien.

Swan apparait, on jase.

Gordon finit par avoir un deux minutes, on jase.

Une autre pinte.

Ben simonac, c'est bon Masataq, le drummeur a une pédale à bass drum double, métal!

Ouan, chu chaudaille.

Stie, y s'en vont?

Une autre pinte, scotch ek Dood et Swan.

Lumières su mon bécyk, on part.

Dodo.

Quel heure?

Zzz.

* * *

Réveil, six heure.

Non, pas de hockey à huit heure pour Grand Fiston à matin. Non merci.

Déjà que...

Dodo.

Réveil.

Crisse d'idée de cabochon toué, allé dire oui pour jouer dans un tournoi de volley-ball le

lendemain du lancement des lancements.

Du volley-ball...

Criss de cabochon.

Des plans pour être raqué pendant deux semaines...