La tête me pique, j'ai une tuque sur la tête 24h par jour.
Je l'enlève un instant pour me gratter, je sens le gras de mes cheveux sur ma main, ça glisse.
Je replace ma tuque, relève mon col, il reste une vingtaine d'arbres dans la rue.
J'en prends deux dans chaque main en les saisissant par le tronc et en les serrant contre mes flancs avec mes bras. Je suis machinalement le chemin qui s'est formé à travers les épines qui jonchent le sol et je dépose finalement les sapins sur l'étalage sans faire attention au rangement.
Je refais le chemin inverse vers le boulevard Northern en me demandant combien de temps j'aurai pour tout balayer avant que ses six voies soient envahies de métal hurlant, roulant.
À ce stade-ci de la nuit et du déchargement, les arbres qui sont encore dans la rue sont tous emmêlés et je n'ai d'autre choix que de les trainer en groupe. Certains ne s'en remettront pas, j'entends les branches et les têtes casser.
Y aura toujours moyen de les vendre.
Juste au moment où j'extirpe un arbre qui s'était pris dans la corde d'un autre, j'aperçois deux formes au milieu de l'ilot.
Je me relève et me dirige vers eux, deux femmes mulâtres. Une plus âgée que l'autre.
— How you doin'.
— Hey.
La plus jeune des deux tremble, c'est visiblement la fille de l'autre, elles sont semblables.
Je dis à la tremblante sur un ton presque chaleureux :
— T'as frette?
Elle est belle comme ma blonde, ne répond pas, soulève un sourcil
— Sais-tu où j'étais hier? Bahamas...
— Ça explique pourquoi t'as frette, j'ai chaud moi, là.
La mère m'observe, me dissèque du regard.
— No, you're numb.
J'éclate de rire, ça fait longtemps.
— C'est le bon mot! Engourdis, I am. C'est quoi après numb?
— Dead.
— Yeah... C'est le bon mot...
3 commentaires:
OOoh yeah !
Je fais un tour du proprio, histoire de savoir à qui j'ai affaire... je repasserai aussi, te v'là dans mes favoris
Merci Miléna, et bienvenue!
T'es dans mes favoris itou!
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