mardi 29 novembre 2011

Hip

Je suis dans le café de l'heure du quartier.
Y avait un line-up l'autre soir tellement ça marche.
Plein de monde encore aujourd'hui, chacun son laptop, on écoute tous Across the Universe.
Jai guru deva om, nothing's gonna change my world, en mangeant des smorrebrods.
J'y suis, en train d'essayer d'incarner le rôle d'écrivain.
Ça avance pour le (s) texte (s), pour l'appellation contrôlée, y reste du chemin à faire.
J'ai mis ma chemise à carreaux, ma calotte de baseball avec un moineau dessus yenk pour être sûr qu'on me prenne pas pour kekun d'autre.
Justement, deux gars rentrent, habillés pour la job.
Me vire de bord pour voir par la fenêtre que j'ai bien raison, des livreurs.
Ils rentrent du stock, ressortent et entrent à nouveau, toujours en lorgnant la flore florissante.
Ils ont le même âge que moi, ont probablement des enfants aussi, finiront de travailler à cinq heures, seront chez eux à six?
Je suis là, avec le même ordinateur que tout le monde, en plein milieu de l'après-midi, à écrire, au lieu d'être au travail.
Crisse de luxe pareil.
Je le sens, à la façon que les livreurs toisent les clients et semblent se demander pourquoi ils travaillent pas eux aussi quatre jours semaines.
Ce doit être ce qu'on appelle l'avancement de la civilisation.
Ce doit être pour ça aussi que ça achève, les barbares s'en occuperont.
La toune finie, ça enchaine avec la musique ambiante officielle du Parti, je repars ma musique, juste pour pas oublier d'où je viens, et parce que c'est quand même le meilleur couvre-fond sonore et répulsif à péteux de broue que je connaisse.
Safe Home, en effet.

lundi 28 novembre 2011

Territoire

On m'a demandé l'autre jour qui était mon photographe préféré.
J'ai figé, pour finalement lancer le nom d'Ed Burtinsky.
C'était simplement pour faire plus court, parce que mon photographe préféré est en réalité
Tristan Fortin Lebreton.

Je le connais depuis maintenant environ 15 ans et il me jette sur le cul à chaque fois que je vois ses travaux.
C'est le genre de gars qui a un jour passé du temps à acheter des yeux de boeufs pour les installer sur diverses lentilles, essayant d'avoir le point de vue d'un boeuf.

Depuis ce temps, on est devenu ami, collègues planteurs d'arbres, vendeurs de sapins, papas, parrains, et cetera.

Il reçoit finalement ces temps-ci un minimum d'attention médiatique et c'est tant mieux, même si c'est trop peu.
Son projet Territoires (autrefois Les Parages) est en vitrine sur l'ONF en collaboration avec le Devoir.
Ça se regarde ici :
http://territoires.onf.ca/#/territoires

Ne faites pas attention aux textes, ce n’est pas son idée et ça dit tout ce que les médias pensent de la photographie en tant qu'art visuel, ce n’est pas suffisant, faut rajouter des explications.

On peut l'entendre brièvement ici aussi à la Radio de Radio-Canada :
http://www.radio-canada.ca/audio-video/#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2011/CBF/BouillantDeCulture201111261505_1.asx&pos=0

Ne faites pas attention à la discussion sur l'appareil 4*5, c'est un détour trop souvent utilisé pour éviter de parler de l'oeuvre en tant que telle.
Il a quand même fait ça de manière remarquable, c'est limpide et concis.
J'ose pas imaginer comment résonneraient mes marmonnements à la radio d'état...

Voici quelques-unes de ses photos qui sont parmi mes préférées à vie de l'univers et qui furent enlevées au produit final.


 Oui, c'est un panier d'épicerie.















Oui, c'est bel et bien un servant qui vient dire au photographe de crisser le camp.

mardi 22 novembre 2011

Cristaux

Une utilité, finalement, à toutes ces nuits passées dehors.
Toutes ces heures, la tuque sur la tête, les mains gommeuses, l'air cristallin, crisp, 
embaumée par les sapins fraichement livrés, épars sur le béton de Gotham.
L'air, l'humidité, ta chair qui te révèle l'avenir, le futur, l'éventualité.

Les soirées égrainées sur les patinoires extérieures, la buée sortant de nos bouches, le nez en l'air, interrogeant l'obscurité au-delà des réflecteurs pour deviner le temps restant avant que ça arrive,
qu'on arrête de jouer et qu'on sorte les grattes.
Les flocons qui aboutissent doucement sur le nez au détour d'un slapshot ou d'un spin-o-rama.
En profiter encore une demi-heure, aller se coucher, repus, espérant une tempête et un congé le matin venu.

Le savoir sans le voir, pris dans les tréfonds d'un garage transformé en faculté d'arts fins, étourdis par les révélateurs et chimies photographiques.
Le savoir dans tes os.
Cette douleur sourde rappelant le cinglage, la fracture devenue baromètre
Émerger d'une noirceur pour en retrouver une autre à l'extérieur, juste avant le souper.
Observer pour une millième fois la magie opérer, milliards de flocons recouvrant lentement, un à un, tout ce gris, ce noir.

Le savoir.
L'hiver arrive, là, maintenant.

Il y aura un printemps.

lundi 21 novembre 2011

Poudre où Pourde? 1.2

Je remontais tranquillement St-Denis en marchant à côté de mon bécyk.
M'en allais rejoindre Mek, finir la 3e, sachant que la 3e s'était finie probablement au moment où je traversais le parc Laurier.
En arrivant en face du théâtre des comiques j'ai vu l'affiche, Le Blues dla Métropole, la comédie musicale.
J'ai continué.
Trois pas plus loin, j'entends un sshronfllllllllss iiish tabarnak qu'est bonne! Man!
Deux gars qui sortent d'un coin sombre de la façade du théâtre des comiques.
Je les entends discuter de tel ou tel pusheur qui est meilleur que lui ou un autre pis que ski vient de se crisser dans le nez c'est bon en câlisse pis que ça vient d'y donner faim, qu'y devraient aller au mcdoune.
Tout ça avec comme fond sonore, Hallelujah joué par un musicien de rue.
Sa version valait bien celle de Bon Jovi.

Suis arrivé au bar. L'ami était là, avait quelques litres d'avance sur moi.
Faut ski faut pour survivre à la grande foire du livre.
J'y étais jamais allé, à ce salon.
Ce pourrait être bien, avec un peu d'air.

Quelques heures plus tard, Mek dormait sur sa chaise en face de moi,
j'en suis venu à essayer d'élucider quelques charades littéraires pour passer le temps.
Y en a une couple entendues et lues depuis un boutte qui sont pas mal torvis.
Genre, on affirme à quelques endroits vouloir écrire le Nord, le Sud, l'Ailleurs, je dis bravo, évidemment, c'est bien!
Mais, comment tu veux faire ça comme du monde si tu sais pas ce que ça sent?

Pense pas que je vais la comprendre un jour celle-là.

samedi 19 novembre 2011

Autre point de vue

Une autre hystérique constipationisse, surement.
En tout cas elle va avoir de la misère à travailler dans les grands médias...


Libye : témoignage de Lizzy Phelan, journaliste...

lundi 14 novembre 2011

Message d'intérêt public

Arrêtez de niaiser pis aller boire une bière ce soir au Pas Sages (quel nom horrible...).
Pourquoi ce soir et pourquoi là, surtout si le nom ne me plait pas?
Ben, calvase, parce que c'est la dernière soirée de lecture musicale de La Solde.
Kessé, La Solde? Pas vu ça nulle part! 
C'est bien la preuve que c'est bon!
M'enfin.
On s'en reparlera.

C'est lu par Pierre-Yves Thiran.
Si vous n'avez jamais vu Pierre-Yves Thiran lire un texte, votre vie est incomplète.
La partie musicale est assuré par l'auteur là, tsé, McComber et ses Potes, Benoit Leblanc au chant cajun et à l'accordéon, Mike Riley à la grosse basse et Jean-François Thibaud à tout le reste, sauf la distribution des canapés. Y en a pas.
Faque c'est ça.
Du gros fun nouère!

dimanche 6 novembre 2011

Soirée

Vinny boy est à maison, avec Grand Fiston. Y couche chez nous, c'est pas trop de troubles, à cet âge là, c'est moins tannant d'en avoir deux ensemble que yenk un. Tsé, ça joue ensemble.
Le trouble, c'est quand le plus jeune veut embarquer, tsé. Là ça marche pas.
Hurlements, cris, déchirements, pleurs, rires et cetera.
Faque Vinny boy est à maison, soirée cinéma, c'est les Bagnolles 2 qui joue.
Boah.
Pépin épuise ses dernière minutes de tolérance à la chose télévisuelle.
Pas trop son fort de rester assis là pendant qu'on peut déranger les plus grands.

Y a une game en même temps. Montréal/NY.
Supposé regarder ça ek Mek.
Pas de nouvelles.
Je le texte.
Jamais autant utilisé ce guizmo que depuis qu'il est revenu par icitte.
Faut ben avouer, c'est pratique, tant que ça ne devienne pas une maladie mentale.

Aucune idée y est où. Té où que j'y écris.
Bedibedip, sur Fullum.
Bon, kidou.
Commence à texter, ça sonne, je réponds, allo allo, non pas reçu tes textos, fucké stie.
D'un coup, la voix devient féminine, Guillaume, tu fais quoi? Je regarde Flash McQueen 2, toué?
Moué je t'attends. Bon, ben, attends, bébé. Sra pas long.
C'est flyé pareil ces cellulaires là, on y entends de drôles de choses...

Le film fini, pogne la tuque, les tites lumières à bécyk, bisoux à todos pis on décolle.
C'est pas mêlant, chu descendu tellement vite, j'ai eu les oreilles bouchées un bon quinze minutes après être arrivé, rapport à la différence de hauteur entre mon quartier et le bas de la ville.

Ontario/Fullum.
Pas des coins que je visite trop souvent depuis une dizaine d'année, je m'embourgeoise peut-être.
J'entre dans le bar, c'est rénové. Beau gyproc pis toute. Frigidaires plein et TV partout.
Dans le temps, fallait sonner à la porte, pis si t'étais pas trop crotté, on te laissais entrer.
Maintenant tout le monde peut rentrer, mais la place est vide, presque.
Mek est au bar, une demi-douzaine de quinquagénaires sont là aussi, pas trop loin des machines à sous.
La serveuse, une certaine «Marylin» m'accueille avec un «stu fesait on t'attendait» juste assez sympathique pour avoir le gout d'y donner une piasse de tip.
Elle la joue bien, d'ailleurs, sa pièce, une vraie actrice.
Oh oui.
Il reste pas grand temps à la game, pas très grave, je venais pas vraiment pour ça anyway.
C'est 4-2 je pense, pourront pas battre Lundqvist en tirant de loin de même, tsé, franchement.
Ça fini.
Un chansonnier commence.
On se croirait à Amqui.
Roger et ses machines et sa guitare accessoire.
Douleur, malaise, cris, hurlements, malaise encore et pas de solo.
Puis, après une éternité et la Dame en Bleue, la place prend en feu.
Un petit bout d'homme se met à chanter, mais vraiment chanter.
Pas comme Roger et ses machines.
Non, en espagnol, amigo.
Le public comprends rien, moi non plus, mais on observe un être en pleine possession de ses moyens.
C'est beau.
Il enchaine avec quelques succès de boomer.
Quelques boomers de sexe incertain, probablement féminine, essaient de danser en ligne chacune de leur bord.
Même pas de malaise, on entend juste l'amigo à la voix d'or.
Faut le faire quand même.
Roger est à sa table, seul, et se questionne, pourquoi lui et pas moi.
Lâche tes machines, Roger, gratte ta guitare!

Si ça marche pas, ben, c'est ça qui est ça.
Comme disait le vieux Joe, si ça fait un bout que t'essaye, on a déjà entendu ta chanson.
J'essaierai de m'en rappeler moi-même.

mardi 1 novembre 2011

Novembre

Octobre est passé comme il est arrivé.
C'était gris et ensoleillé.
Pour chaque moment bien, son contraire.

Pour un moment de retrouvaille, un décès.

Ainsi, une soirée incroyablement sympathique au lancement du livre d'un ami cher menant à
une poutine dégueulasse au Fameux, accompagnée de la nouvelle/photo de la mort d'un oncle que je n'ai à peu près pas connu, dans la section écrapou du hournal de Mourial.
Le beau et son contraire.

À une époque où les photos de cadavres font périodiquement la une des nouvelles de tout acabit, une photo de moissonneuse-batteuse, même affublé d'un titre racoleur, c'est peut-être pas assez dégueulasse pour faire vendre plus de papier-cul, c'est décevant à tout point de vu.
 Je m'en souviendrai longtemps en tout cas, QMI et PKP.

Un oncle, donc, que je n'ai à peu près connu que dans mon enfance, à la ferme familiale.
Je me souviens qu'il faisait la sieste de une heure moins quart à une heure et dix et quart.
Quand tu te lève à 5 heures pour tâter du pis, faut que tu dorme un moment donné.
Outre ça, je me souviens surtout de ses commentaires sur la façon que j'avais de tondre le gazon, de prendre les balles de foins, de ramasser les roches, de faire ci et de faire ça pas comme il l'aurait fait. Pas grand chose de différent de la façon dont je parle trop souvent à mes enfants, donc comment pourrais-je lui en vouloir?
Bien du temps a passé, je n'ai pas revu cet oncle depuis au moins 10 ans, on peut classer notre relation dans la catégorie rendez-vous manqué, un autre.

Ce qui se confirme, c'est que ma situation familiale est semblable à un étang vaseux;
c'est clair et limpide quand c'est tranquille, mais pas besoin de brasser le fond longtemps pour que le trouble remonte à la surface...
Est-ce vraiment différent ailleurs?
La littérature est là pour me prouver que non.